Refuser une formation proposée par l’employeur : comment faire ?

27 juillet 2025

Un salarié peut également refuser une formation, mais ce choix n’est pas sans conséquence. La loi distingue selon la nature de la formation, l’ancienneté ou encore le motif du refus. Un refus injustifié peut entraîner des sanctions disciplinaires, voire un licenciement pour faute réelle et sérieuse.

Certaines formations restent cependant facultatives ou requièrent le consentement exprès du salarié. Les obligations de l’employeur varient selon le cadre légal et la convention collective. Les exceptions à l’obligation de suivre une formation sont strictement encadrées. Chaque situation impose une vérification précise des textes applicables.

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La formation professionnelle ne relève pas du simple confort : elle s’inscrit dans l’ossature même du contrat de travail. Le code du travail place sur les épaules de l’employeur la mission de maintenir la qualification et l’employabilité de ses salariés. Pour cela, l’entreprise déploie plusieurs outils, notamment le plan de développement des compétences. À travers ce plan, les directions sélectionnent les actions de formation, parfois incontournables pour permettre au salarié de suivre l’évolution de son métier ou d’assurer la sécurité sur le poste.

Tout se joue sur une différence de taille : formation obligatoire ou non. Si la session concerne l’hygiène, la sécurité ou l’adaptation technique, elle ne se discute pas : la présence du salarié est exigée, tout refus pouvant lui coûter cher sur le plan disciplinaire. À l’inverse, lorsqu’il s’agit de développer de nouvelles compétences sans caractère impératif, l’échange reste possible. Le salarié peut alors mettre en avant des raisons précises : projet professionnel en décalage, charge personnelle exceptionnelle, incompatibilité avec un autre parcours.

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Le Compte Personnel de Formation (CPF) et le Projet de Transition Professionnelle (PTP) viennent compléter l’arsenal à la disposition de chacun. Ces dispositifs s’activent à l’initiative du salarié mais peuvent aussi croiser les projets de l’entreprise. Les employeurs, épaulés par leur OPCO de branche, construisent leur politique de formation en s’appuyant sur les accords collectifs ou la convention.

Voici les points clés à garder à l’esprit lorsque la formation est imposée par l’employeur :

  • L’obligation de formation découle du contrat de travail et s’appuie sur la réglementation collective.
  • Certains accords ou conventions collectives établissent des règles particulières, notamment pour les formations organisées hors des horaires habituels.

Avant de prendre position, il convient d’examiner les bases juridiques en jeu. Une formation proposée n’est jamais neutre : elle répond à des besoins pour l’organisation, mais engage aussi l’avenir du salarié.

Refus d’une formation : droits du salarié et limites à connaître

Dire non à une formation n’est jamais anodin. Le refus de formation soulève des interrogations concrètes, en particulier sur la nature de la formation concernée et l’impact sur le contrat de travail. Si la session est estampillée obligatoire, sécurité, adaptation au poste, réglementaire, la sanction peut tomber : avertissement, mise à pied, voire licenciement selon la gravité du refus. La loi encadre fermement la frontière entre initiative individuelle et devoir professionnel.

Pour une formation non obligatoire, la porte du dialogue s’ouvre. Le salarié peut faire valoir ses arguments, à condition d’être précis : situation personnelle délicate, projet professionnel déjà lancé, bilan de compétences en cours ou VAE engagée. L’employeur doit alors prendre en compte ces éléments, sans pouvoir sanctionner d’office. Les juges distinguent le refus qui touche à une modification majeure du contrat de travail de celui qui concerne une simple évolution des missions habituelles.

Voici les principes à respecter pour éviter tout dérapage :

  • Le refus doit être motivé et appuyé par des raisons sérieuses, faute de quoi le risque disciplinaire grandit.
  • Modifier la qualification ou les fonctions d’un salarié, donc le contrat de travail salarié, nécessite impérativement son accord.

Refuser une formation revient à évoluer sur un fil : entre l’exigence de se former et le droit de choisir son parcours, les marges de manœuvre existent mais restent encadrées. Impossible de faire l’impasse sur la nature exacte de la formation proposée et sur l’obligation de dialogue avec l’employeur.

Dans quels cas le refus d’une formation est-il justifié ?

Sur le plan légal, la marge de manœuvre reste réduite dès qu’il s’agit de formation obligatoire. Dès lors que la formation concerne la sécurité, l’adaptation au poste ou s’intègre au plan de développement des compétences rendu obligatoire par l’entreprise, le salarié n’a pas le choix : refuser revient à se placer sous la menace de sanctions.

Il existe toutefois des situations où refuser une formation ne conduit pas à une sanction. Un changement majeur du contrat de travail, modification de qualification, d’horaires, de lieu de travail, exige l’accord explicite du salarié. Sans cet accord, il peut refuser la formation sans craindre de représailles. Prenons un exemple : une formation qui impliquerait un passage à un poste de cadre alors que le salarié souhaite rester agent de maîtrise ; le refus est alors fondé.

Quelques motifs peuvent être avancés pour légitimer un refus :

  • Un projet professionnel déjà identifié, comme un bilan de compétences ou une VAE en cours, permet de justifier le refus.
  • Un motif familial ou médical, dûment justifié, peut également entrer en ligne de compte.

En clair, dès lors que la formation n’est pas obligatoire, qu’elle ne touche pas directement aux missions confiées, ou qu’elle entre en conflit avec la situation personnelle du salarié, un refus motivé et documenté est possible. Mais ce droit ne doit pas servir de prétexte : la justice rappelle régulièrement que le refus doit reposer sur des arguments solides, non sur une discrimination ou un rejet systématique. La clé reste l’explication posée et la discussion avec l’employeur, preuves concrètes à l’appui.

choix formation

Conséquences possibles et solutions en cas de désaccord

Le refus d’une formation proposée par l’employeur entraîne des conséquences variables selon le contexte. Si la formation est obligatoire, notamment en lien avec la sécurité ou l’adaptation au poste, le salarié s’expose à un avertissement, une mise à pied disciplinaire, voire un licenciement pour faute avérée. Les juridictions prud’homales nuancent toutefois : l’absence à une formation prévue par le plan de développement des compétences ne justifie pas toujours un licenciement, sauf si la formation s’avère indispensable à l’exercice du poste.

Pour une formation non obligatoire, la sanction ne peut tomber que si l’entreprise démontre un préjudice réel ou un manquement contractuel grave. À l’inverse, si la formation non suivie prive le salarié des moyens d’évoluer ou de s’adapter, l’employeur ne pourra pas invoquer l’incompétence pour licencier.

Si le dialogue n’aboutit pas, plusieurs recours s’offrent au salarié. Il peut saisir le Conseil de prud’hommes pour contester une sanction ou faire reconnaître un préjudice lié à l’absence de formation. Le juge, s’il estime que le manque de formation a nui à la carrière du salarié, pourra accorder des dommages et intérêts. Avant tout contentieux, la discussion, la médiation ou l’appui des représentants du personnel constituent des voies à explorer.

Refuser une formation ne se résume jamais à un simple non. Entre lignes de contrat et réalités humaines, chaque décision trace une trajectoire, parfois inattendue, sur le chemin professionnel.

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